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Après moult tapages, parfois chargés de gangue passionnelle, autour de ce que d'aucuns appellent « affaire Yerodia », du nom du Ministre d'Etat congolais en charge des Affaires étrangères, le moment est venu d'abandonner sans plus tarder l'escalade verbale, en cours par ci par là, jusqu'à ce jour, pour nous consacrer concrètement à la constitution du dossier à décharge du présumé inculpé. Et ce, au motif évident que le sort de Monsieur Yerodia Ndombasi - accusé « de haine raciale, d'incitation au meurtre et à l'extermination des populations tutsi » par un juge belge pour avoir traité ces derniers de « vermines à éradiquer » -, dépend énormément de la solidité de l'argumentaire de la défense.
Je m'empresse aussitôt d'ajouter que loin de moi, ici, est tout vilain dessein de mettre en doute la compétence et l'expérience de Me Vergès, choisi par le gouvernement congolais pour assurer la défense de Monsieur Yerodia Ndombasi, en matière de défense des cas ... indéfendables.
Dans le même cycle d'idées, j'espère, cependant, que Monsieur le Ministre congolais des Droits de l'homme, comme il vient de le manifester dans l' « affaire Yerodia », se fera, à l'avenir, une douce violence pour dénoncer publiquement et à côté des avocats chargés de la défense les arrestations arbitraires et autres intimidations illégales dont sont victimes, de la part du régime en place à Kinshasa, des personnalités issues des milieux de défense des Droits de l'Homme, journalistiques, syndicaux et politiques...
Tout en étant résolument opposé à l'agression, à l'occupation et aux pillages de ses diverses richesses dont notre pays est victime de la part de la coalition rwando-ougando-burundaise, je suis d'avis que le vocabulaire animalier dont il est question ci-haut et qui nous rappelle l'Allemagne nazie - n'ayons pas peur des mots -, n'est pas digne d'un homme politique, moins d'un psychanalyste. En effet, Monsieur Yerodia Ndombasi est psychanalyste de formation et de profession. Ce qui n'est pas sans rappeler Monsieur Karadjic (je m'excuse de l'orthographe), psychologue et politicien serbo-bosniaque de triste mémoire - remisé, dans l'entretemps, au musée de mauvais souvenirs de l'histoire...
Au risque de faire de redite, il y va, ici, avant toutes choses, de l'ouverture d'une instruction criminelle qui permet la citation d'un individu inculpé devant le juge ou le magistrat instructeur, lequel, après instruction de l'acte d'accusation, le transmet au Procureur de la République ou, pour le cas de figure, au Procureur du Roi qui, à son tour, établit la présence ou l'absence de culpabilité du présumé inculpé.
Pour ce qui a trait à la légalité de la décision du juge belge d'inculper Monsieur Yerodia Ndombasi, il ne se pose pas de problème pour ce qui est du fond et de la forme d'autant que la Belgique a transposé en droit interne la loi du 16.06.1993 relative aux conventions internationales de Genève et élargie par la loi du 10.02.1999 relative aux crimes de génocide et contre l'humanité.
Point n'est besoin d'ajouter, dans cet ordre des choses, que les juridictions belges, eu égard à ces considérations, sont compétentes de connaître les infractions citées indépendamment du lieu où celles-ci auraient été commises. Il en est de même aussi de l'Allemagne où l'auteur en public d'un tel méfait à l'endroit d'un individu ou d'un groupe donné d'individus est traduisible en justice pour agitation populaire.
Poursuivant, sans le vouloir peut-être, le relais des déclarations du gouvernement de salut public, un grand nombre des lettres et articles, publiés après l'annonce de la décision du juge belge, ne se lassent pas de démontrer que les poursuites pénales initiées à l'encontre de Monsieur Yerodia Ndombasi, constituent des actes à l'encontre du peuple congolais ...
L'amalgame ne manque pas, ici, d'hardiesse ..., et tant d'acharnement obsessionnel, aurais-je ajouté si le mot n'était pas très fort, déconcerte.
Une autre remarque à faire est celle relative au principe de la « présomption d'innocence de l'inculpé ». Autrement dit, toute personne inculpée demeure innocente jusqu'à l'établissement de sa culpabilité. Parler de la « condamnation » de Monsieur Yerodia Ndombasi, au niveau actuel de l'instruction, comme l'insinue une partie d'opinions émises par ci par là, c'est aller vite en besogne...
Incroyable, mais pourtant vrai : en dehors de nos frontières, la séparation entre les pouvoirs exécutif et judiciaire fonctionne sans anicroches. Une manière d'affirmer que le gouvernement belge, contrairement à ce que l'on croit et pratique chez nous, n'a pas de pouvoir d'immixtion dans l'exercice du pouvoir judiciaire.
Berlin, le 21.7.2000