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Notre ami, le poète et écrivain congolais (Kinshasa), Muepu Muamba (Francfort-sur-le-Main) a bien voulu mettre à notre disposition le texte, ci-dessous, écrit, après l'échec de la rencontre d'Addis-Abeba, l'année dernière. A cause de sa pertinence et, surtout, de son actualité, nous avons jugé utile, à quelques jours de l'ouverture du dialogue intercongolais, prévu pour le 25 février 2002 à Sun-City, en Afrique du sud, de le répercuter.
Le 14 octobre passé, se sont tenues dans la capitale éthiopienne les assises du Dialoque Intercongolais. Une tentative de plus pour mettre fin à la guerre des voleurs qui déchire la R.D.Congo depuis plusieurs années. Après tant des rendez-vous manqués, après Gaborone, la capitale de Botswana, beaucoup avaient espéré que cette fois serait la bonne. C'était sans compter avec la duplicité des chefs de bande. D'Addis-Abeba donc : rien de nouveau. Echec. C'était prévisible. La population congolaise s'y attendait un peu. Voilà plus de quarante ans que cela dure. Longues et douloureuses années, de sang et des larmes...
L'échec de la rencontre entre congolais, à Addis-Abeba, le 14 octobre, serait dû, semble-t-il, au manque d'argent. Quel joli prétexte pour les protagonistes du drame, en RDC ! Tout le monde n'a pas pu prendre la route d'Ethiopie. Il n'y avait pas suffisamment d'argent dans la caisse. D'où les controverses entre le gouvernement congolais et l'opposition. Les uns avançaient que la rencontre d'Addis n'était encore qu'un pré-dialogue et d'autres que c'était déjà le dialogue lui-même. Tout s'est joué à ce niveau de la médiocrité.
Manque d'argent ? Pour un pays que tout le monde pille allègrement, cela étonne. Et puis cette fameuse communauté internationale qui trouve, quand il le faut, de l'argent pour faire la guerre, qui jette en une journée, du haut du ciel, des milliards enragés pour déloger quelques fourmis perdues dans les déserts, réunir un petit nombre de millions, pour forcer la paix en Afrique Centrale, serait-il vraiment au-dessus de ses moyens ?
Argument un peu court. Les vrais raisons sont ailleurs. Indifférences d'abord. Et surtout, il s'agit beaucoup de partage du pouvoir et de toutes les prébendes y afférentes. En effet, que de monde se bouscule pour occuper la place du postillon ! Même les mobutistes et leurs mentors extérieurs. Ne vous trompez pas. Ce n'est pas que je dénie la nationalité congolaise aux mobutistes. Au contraire. Mais qu'ont-ils, de nouveau, à nous proposer, ces hommes de qualité ? Ces Kengo et autres Kamanda ? Nous avons sous les yeux le produit de leur brillante gestion.
D'aucuns me rétorqueront que la bande à Kabila a commis pire en trois ou quatre ans. Certes. Mais pour autant, le régime précédent devrait-il être dédouané à un si bon compte ? En outre, qu'ont-ils trouvé, les chacals kabilistes ? Un cadavre, en décomposition avancée, qu'ils ont achevé de désosser pour en manger les entrailles.
A dire vrai, pour tous ceux qui veulent du Congo, et pour ceux qui le soutiennent de l'étranger, le sort de la population congolaise n'entre aucunement en ligne de compte, dans le calcul de rentabilité.
L'uranium et le coltan, cela va de soi, produisent plus de valeur ajoutée. Qu'est-ce donc quelques millions de morts, en comparaison ?
Dans cette région d'Afrique, se concentre, depuis plusieurs décennies déjà, un certain nombre de filous du monde entier, officiels et officieux. Le dépeçage et la ronde de charognards ne datent donc pas d'aujourd'hui. Tous ces messieurs, de bonne fréquentation, n'ont de principes que leurs portefeuilles.
Les peuples ont, certes, la mémoire bien courte, mais ce sont toujours les élites qui pataugent dans la fange nauséabonde. Aussi, que la population congolaise chapeautée par une élite versatile, creuse et vénale, embrasse les mobutistes sur la bouche, au nom de la réconciliation, je n'en serais pas surpris du tout. Mais peut-on se réconcilier sur ou amnistier les crimes qui n'ont jamais été reconnus par leurs auteurs, et avec des gens qui n'ont jamais demandé pardon ? Question du principe premier.
La vrai pauvreté, en définitive, est dans nos têtes lézardées par les mensonges et la mauvaise foi permanente.
Partout on exige de nous la réconciliation de dépotoirs, une sorte d'unanimité d'escrocs.
Doute et espérance, voilà tout ce qui nous reste dans cette région de Grands-Lacs, si saignée à blanc. Au demeurant, il n'y a point de doute salutaire sans espérance ni de lucide espérance sans doute.
Muepu Muamba
Francfort-sur-le-Main, le 23.10.01