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La nouvelle de la venue prochaine du Président rwandais, P. Kagame, à l'invite du gouvernement de Kinshasa, dans la capitale de la RD Congo, nouvelle qui, au départ, semblait venir du canular, se confirme chaque jour davantage. Le quotidien kinois, le Phare, présente l'événement dans son édition du 20.08.2002 en titrant « Les émissaires congolais se succèdent dans la capitale rwandaise : Kinshasa courtise Kagame ». Une délégation congolaise était, la semaine dernière, à Kigali pour remettre l'invitation officielle du Chef de l'Etat congolais à son collègue rwandais. Citant des sources proches de la Présidence de la RD Congo, RFI (21.08.02), attribue la non-accession immédiate de Kinshasa à la proposition de J.P.Bemba (MLC), premier ministre désigné dans le cadre de l'Accord de Sun-City (19.04.2002), de « tête-à-tête » avec le Président Kabila, aux préparatifs en relation avec le voyage que doit effectuer le n° 1 rwandais dans la capitale congolaise.
Au sein de la diaspora congolaise, les voix s'élèvent pour dénoncer, avec vigueur, la profanation de la mémoire et l'honneur de nos sœurs et frères à l'est du pays, profanation que véhiculent sans cesse les actes brutaux, violents et déshumanisants des forces d'occupation rwandaises.
Qui plus est : comment peut-on inviter le Chef de l'Etat d'un pays dont l'on vient de demander la condamnation par le Conseil de sécurité de l'ONU du fait de la violation de l'accord de paix le liant avec le pays invitant? C'est bien là la question...
Ce que les Congolaises et les Congolais, indépendamment de leur positionnement politique ou philosophique, doivent stigmatiser dans le chef de ceux qui, sans notre consentement et notre légitimation, ont pris l'initiative d'inviter un des chefs de file des pilleurs de nos richesses naturelles et autres, ce sont, avant toute chose, le défaut de conscience nationale, l'absence du tact politique et le manque du sens des responsabilités.
Qu'on se le dise : ce que je déplore, ici, c'est la complaisance de Kinshasa à l'endroit du Chef de l'Etat rwandais qui, en dépit de l'accord de Pretoria, vient de jeter, dans la province du Sud-Kivu, son corps expéditionnaire qui occupe, depuis hier, la localité de Kasala (contrôlé par le RCD-K-ML de Mbusa Nyamwisei), obligeant ainsi le Ministre congolais délégué à la Défense à lever une énième et vive protestation qui, comme d'habitude, restera sans effets...
En relation avec l'ordre donné, la semaine dernière, par Kagame à ses troupes de progresser dans le territoire de Lubero, l'Ambassadeur rwandais auprès de l'organisation mondiale avait rejeté, avec mépris, l'accusation de violation de « l'Accord Kinshasa-Kigali » formulée par le gouvernement de Kinshasa à l'encontre de son pays en arguant que l'accord de Pretoria ne signifie pas la fin de la poursuite des Interahamwe et co. (sic !) à l'intérieur du territoire congolais.
A titre de rappel, aux termes de l'accord de Pretoria, le gouvernement de Kinshasa s'engage, entre autres, à désarmer et à rapatrier les Interahamwe et les ex-soldats de l'armée du Président assassiné, Habyarimana, se trouvant sur son territoire.
Parlons-en et librement ! Ce qui dans ce mélodrame où le burlesque et la facétie grossière se confondent n'est pas sans étonner et, ce faisant, déconcerte, c'est la déclaration faite récemment par un responsable du gouvernement de Kinshasa qui, sans vergogne, avait qualifié la conclusion de cet accord « à la hussarde » de « résultat concret » de multiples rencontres, dans le passé, entre les Présidents des deux pays depuis la prise du pouvoir, dans des conditions que l'on connaît, par J. Kabila. De quoi avaient-ils parlé au cours de ces rencontres à répétition?
A l'accoutumée, les rencontres entre deux responsables politiques, en l'occurrence entre deux Chefs d'Etat, sont sanctionnées ou bien par une conférence de presse commune ou bien par un communiqué commun. Ceci n'a jamais été le cas pour ce qui concerne les entretiens entre le Chef de l'Etat congolais et son homologue rwandais. C'est dire que le peuple congolais est resté, jusqu'ici, sur sa faim quant à ce qui a trait au menu des retrouvailles en « tête-à-tête » entre Kabila et Kagame qui, faut-il le souligner pour des besoins d'ordre statistique, se chiffreraient, au jour d'aujourd'hui, à plus de sept.
Ce qui est au cœur du débat, c'est le fait que le Chef d'Etat d'un pays agressé et occupé invite le Chef de l'Etat du pays agresseur et occupant et dont les troupes n'ont pas encore été retirées en visite et demande à ses gouvernés de réserver à ce dernier un accueil triomphal. Cet état de faits remet en mémoire un film d'actualités tourné par la propagande du IIIe Reich et montrant A. Hitler dans les rues de Paris occupé par l'Allemagne nazie.
Il est on ne peut plus vrai que l'histoire est jalonnée des piquets d'exemples des pays qui, après s'être livré une guerre atroce et meurtrière, avaient opté pour une réconciliation franche et sincère. C'est le cas de la RFA et de la France. Cependant, force m'est, tout d'une haleine, d'ajouter que l'acteur allemand de cette réconciliation qui continue de servir de modèle n'avait pas été impliqué, personnellement et directement, dans l'occupation de la France par la « Wehrmacht ». J'ai nommé, ici, le feu Chancelier Konrad Adenauer.
A dire vrai : l'opportunité d'un tel voyage est loin de nos préoccupations immédiates. Ce que le peuple du Congo démocratique attend avec impatience, c'est, d'abord, la conclusion d'un accord global et inclusif sur une gestion consensuelle de la transition, transition qui, à son tour, doit déboucher sur des élections libres, démocratiques et transparentes et à l'issue desquelles sortira un gouvernement représentatif du peuple congolais. Gouvernement qui, s'appuyant sur ce mandat du peuple, sera apte à conclure des accords de bon voisinage avec les pays de la Région des Grands Lacs.
La balle est, pour le moment, dans le camp du peuple congolais qui doit prendre ses responsabilités et, surtout, prendre conscience des enjeux en jeu et cesse de se laisser distraire, diriger par ceux qui se sont donné pour objectif principal de pérenniser les avantages multiformes que leur procure le pouvoir qu'ils ont, par ailleurs, usurpé. Ce, en réservant au bourreau de Kigali ce que sa présence insultante et indésirable sur le sol congolais appelle en retour : le rejet, et pourquoi pas ?, le boycott de toute manifestation organisée en son honneur.
Une affaire d'honneur..., chères Congolaises et chers Congolais !
Mot de la fin : la visite de Kagame à Kinshasa équivaudrait à jeter du sel sur des plaies encore saignantes. Ce faisant, il n'est pas le bienvenu dans notre pays.
Peut-être l'annonce de la venue du Président P.Kagame à Kinshasa viendrait-elle, effectivement, du canular ! Je l'espère. Sincèrement.
Berlin, le 25.08.02