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Depuis son retour au pays, le 16.11.03, après un long exil de plus de six ans en Belgique, l'avant-dernier Premier Ministre du Maréchal Mobutu continue à occuper une place dominante dans la presse paraissant dans la capitale congolaise - d'abord en rapport avec la « dilapidation » dont il a été, en compagnie de son cortège, l'objet et, ensuite, en relation avec « l'invitation » que lui a adressée le Procureur général de la République à s'expliquer sur sa gestion malveillante entre 1977 et 1997.
Nous avons, dans cet ordre des choses, répertorié, entre les 17.11. et 22.11.03, 19 articles publiés par différents journaux qui lui sont consacrés - abstraction faite, ici, des émissions de Radio et de Télévision. Autrement dit, notre liste, nullement exhaustive, se veut avant toute chose indicative en ce qui concerne la tendance, par ailleurs, montante.
Faisant partie de ceux qui ne portent pas, forcément, « l'homme de la rigueur » dans leurs cœurs, force nous est, cependant, de condamner le jet des pierres et d'autres objets solides contre le cortège de Kengo wa Dondo entre Masina et Ndjili ( deux communes de la capitale congolaise). Nous le condamnons parce que nous sommes d'avis que le combat politique doit avoir comme armes le discours et se dérouler dans la tolérance et le respect de l'autre, c'est-à-dire sans usage de la force physique ou de la violence.
La question qui, sans cesse, nous hante est celle de savoir pourquoi M. Kengo wa Dondo est le seul parmi ceux qui ont choisi le retour au bercail - et ils sont nombreux -, à « bénéficier » d'un accueil moins chaleureux à son retour au pays ? La question vaut la peine d'être posée d'autant plus qu'il n'est pas l'unique prédateur du patrimoine national et, par ricochet, le seul spoliateur du peuple congolais.
Certaines rumeurs n'hésitent pas d'attribuer ce qu'il convient d'appeler « affaire Kengo wa Dondo » (le vice-Ministre de la Justice) à certains partis ou mouvements politiques qui auraient fait appel à un quarteron de jeunes gens pour se livrer à la casse. De là à dire que l'avant-dernier Premier ministre de la IIe République fait peur, il n'y a qu'un petit pas ; et pour cause.
Ne parle-t-on pas, dans les salons huppés de Kinshasa, de ses ambitions politiques dans le cadre des élections présidentielles qui doivent avoir lieu dans plus ou moins 3 ans ? Quoiqu'il en soit, les jours à venir nous fixeront sur le mobile et les commanditaires de ces actes de barbarie et d'intolérance dont il est question ci-haut... M. Kengo wa Dondo ne dit pas autre chose lorsqu'il attend des autorités d'amples et complémentaires informations sur ces incidents que tout démocrate doit dénoncer.
Une autre raison de la présence quasi permanente, ces derniers jours, de M. Kengo wa Dondo dans la presse est, comme dit ci-haut, « l'invitation » - cache-sexe pour « convocation » - dont il est l'objet de la part du Procureur général de la République. L'ancien Premier ministre est invité à comparaître devant la justice pour malversation financière à répétition. En termes clairs, on lui reproche une série des détournements des fonds publics s'étalant sur une période de 20 ans, soit de 1977 à 1997 et dont le montant total avoisinerait 60 millions de dollars américains. S'y ajoutent 40.000.000 de FB (Francs belges) et 11.000 FS (Francs suisses).
Le tapage médiatique fait autour de « l'invitation » adressée à M. Kengo wa Dondo n'est pas sans remettre en question le sacro-saint principe de la « présomption d'innocence ». Tapage orchestré par le Procureur général de la République qui a, le 19.11.03, commenté abondamment, sur le plateau de la chaîne de la Télévision privée « Horizons 3 », « l'affaire Kengo wa Dondo », une affaire, comme le disent les juristes, encore en instruction préjuridictionnelle.
Il y a lieu, ici, de remettre en mémoire le point de vue du Ministre de la Justice qui, dans une interview avec le Potentiel (24.11.03) a refusé de « parler des affaires qui sont en instruction au niveau du Parquet par respect du secret de l'instruction criminelle ». Et le Ministre d'ajouter » tout le monde doit respecter ce secret, même celui - officier de police judiciaire ou officier du Ministère public - qui instruit l'affaire. C'est une notion que l'on enseigne aux étudiants de première année en droit ». M. Kengo wa Dondo est du même avis lorsqu'il souligne - ès qualités « juriste et formateur » (ce sont ses propres mots, NDLR) le caractère secret de l'instruction préjuridictionnelle (...) Aucun magistrat », dit-il, dans une interview avec le Potentiel, « ne peut, ne doit violer ce secret ».
Nous sommes, à tout le moins, fixés sur la déontologie...
En réponse aux rumeurs sur « l'invitation » dont il est l'objet de la part du Procureur général de la République, M. Kengo wa Dondo dit « qu'il n'y a aucun grief porté contre lui et n'avoir pas encore reçu l'invitation à comparaître des autorités judiciaires pour être entendu par un inspecteur judiciaire ». Et « l'homme de la rigueur » d'ajouter qu'il est porteur d'une lettre de la Présidence de la République, lettre qui l'assure de la parole du Chef de l'Etat que rien ne lui arriverait « durant tout son séjour kinois ».
Puisque « le dossier Kengo wa Dondo », aux dires du Procureur général de la République, date de la période immédiate après la prise du pouvoir par l'AFDL (1997) et qu'il ne fait que le finaliser, il se pose, ici, la question de savoir si l'actuel Président de la République - loin de nous est tout vilain dessein de remettre en question le pouvoir de grâce que lui confère la Constitution -, est habilité à accorder un sauf-conduit à une personne contre laquelle une action judiciaire est en cours sans pour autant déclencher une confusion, une concurrence de rôles entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. C'est le problème de la séparation des pouvoirs dans un Etat de droit qui est posé ici... Il est, en retour, fait appel aux spécialistes en droit constitutionnel et en droit criminel en vue d'apporter la réponse à cette interrogation suscitée par des néophytes en matière de droit que nous sommes...
La procédure engagée, celle de traduire M. Kengo wa Dondo en justice, ne va-t-elle pas produire un effet contraire à celui défini et attendu par les négociateurs du Dialogue intercongolais et auquel vise la « Commission Vérité et Réconciliation » ? Commission dont la mission est justement d'écouter ceux qui se sont rendus coupables d'indélicatesses et, à après la reconnaissance des méfaits commis par eux, peuvent se voir ouvrir, au travers de la médiation de la susdite Commission, la voie de la réconciliation avec leurs compatriotes.
En rapport avec l'éventualité de la mise en accusation de M. Kengo wa Dondo, les avis restent partagés. Les uns voient dans l'inculpation de l'avant-dernier Premier ministre du Maréchal Mobutu l'enclenchement, la mise en action d'une dynamique dont la conséquence est la comparution devant les Tribunaux de tous ceux qui ont, dans le passé, mis à mal le patrimoine national et, par voie de conséquence, contribué, poussé à la paupérisation des Congolaises et des Congolais. Les autres parlent de la « délicate équation politico-judiciaire » en relation avec l'action judiciaire contre M. Kengo wa Dondo. Action judiciaire dont les retombées n'épargneraient pas bon nombre de ceux qui, à la faveur du Dialogue intercongolais, prennent part à la gestion de la chose publique en RDCongo. « Délicate équation politico-judiciaire » dont les deux composantes sont le bannissement de l'impunité et la préservation de la fragile paix sociale.
Ce faisant, nous nous demandons s'il ne serait pas recommandable d'appliquer le modèle de la « Commission Vérité et Réconciliation » sud-africaine, modèle dans lequel il n'était nulle part question de procès - sauf contre ceux des épinglés qui refuseraient de répondre à la convocation de la susdite Commission -, et dont la procédure peut se résumer comme suit : la victime expose, le coupable avoue sa culpabilité et la Commission enregistre et facilite la réconciliation entre les deux parties. S'il y a procès, ça doit, alors, être le procès de tout le monde, c'est-à-dire des anciens mobutistes, des spoliateurs afdéliens, cités et épinglés nommément par le rapport du Panel de l'ONU sur l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres formes de richesse de la RDCongo, et autres commanditaires des actes d'anthropophagie et de l'extermination des populations civiles et des démolisseurs des infrastructures économiques et sociales de notre pays dont la descente aux enfers a atteint le point de non-retour.
Berlin le 30.11.03