Die Demokratische Republik Kongo
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A qui revient la paternité de l'Accord global et inclusif ?
« ... Congolais de l'année », « meilleur homme politique de l'année 2003 », « timonier de la transition », « promoteur de la démarche volontariste ayant conduit à l'avènement d'un ordre institutionnel... ». Tels sont quelques-uns des titres récurrents dont se sert une certaine presse congolaise pour mettre en épingle le Président Joseph Kabila Kabange par rapport à son rôle dans le processus de pacification et de réunification en cours en RDCongo. Titres auxquels s'ajoutent d'autres citations à l'emporte-pièce : « ... son action pour la sauvegarde de la transition », « ... dons aux sinistrés de Lufu-Toto (Bas-Congo) »... Nous en passons.
Devant cette flambée d'agitation frisant, sentant le culte de la personne, à l'égard du Chef de l'Etat congolais, devons-nous garder bouche close ? Aussi, l'expression « frisant, sentant le culte de la personne », si dure soit-elle, n'en est pas moins fondée.
Autrement dit, l'opinion favorable portée sur le Président Joseph Kabila Kabange par une certaine presse qui lui est inféodée passionne et déconcerte, mais elle ne peut laisser indifférent. Par conséquent, nous nous permettons, sans outrance polémique, l'insigne honneur de poser la question de savoir si, en prenant quotidiennement connaissance de l'enthousiasme démesuré - du zèle, allions-nous dire -, avec lequel cette presse-là juge son action, le Chef de l'Etat congolais n'est pas, chaque fois, étonné d'une telle explosion de superlatifs qui s'accompagnent d'inévitables simplifications et d'amalgame.
Ce qui est pourtant vrai, c'est que cette façon, malheureusement fausse, de présenter les choses - une façon qui, par ailleurs, ne rend pas compte fidèlement de l'évolution réelle qui a conduit à la fin de l'injuste guerre imposée au peuple congolais -, se heurte au scepticisme des uns et au mépris des autres et met leurs sensibilités citoyennes et républicaines à rude épreuve.
Point n'est besoin de souligner que ces derniers, tout en évitant de se répandre en bavardages improductifs, cherchent, à travers une analyse sans complaisance des faits politiques posés par les uns et les autres, à déterminer, au regard de prochaines échéances électorales, le rôle que les parties au conflit et autres acteurs politiques congolais ont joué dans le rétablissement de la « paix » en RDCongo et continuent à jouer dans le cadre de la transition.
Attribuer, à vue de nez et de façon exclusive, la paternité de l'aboutissement en douceur des pourparlers congolo-congolais et le fonctionnement, jusqu'ici, sans anicroche majeur de la transition à une seule personne - comme le fait, sans cesse et au mépris de toute vérité, une certaine presse congolaise -, participe de la volonté délibérée de simplifier dangereusement les choses à des fins de propagande politicienne et est, de ce fait, inacceptable tant cela revêt un caractère récupérateur et usurpatoire - pour ne pas dire falsificateur - de la vérité historique et, pour tout dire, irresponsable. Oublie-t-on à dessein et, sans doute, pour les besoins de la cause que la « première guerre mondiale africaine » n'a connu ni vainqueurs ni vaincus ? Une façon de dire que le succès du Dialogue intercongolais revient à toutes les parties au conflit, à l'opposition politique et à la société civile qui avaient, sous la pression de la communauté internationale, accordé leurs violons possibilisant ainsi une solution de compromis à l'équation congolaise.
Qui plus est. Le peuple congolais a encore en mémoire l'absence du Chef de l'Etat à la réunion de Addis-Abeba (octobre 2001), sa lecture de l'inclusivité du Dic - le Ministre des affaires étrangères, chef de la délégation de l'ancien gouvernement de Kinshasa avait, en son temps quitté les pourparlers provoquant ainsi leur échec -, et son rôle dans la conclusion de l'Accord partiel de Sun City (avril 2002) qui avait accouché du « camp de la patrie » opposé farouchement, en son temps, à « l'Alliance pour la sauvegarde du Dic (ASD) ». Alliance qui, faut-il le rappeler, ne jurait, à l'époque, que par l'Accord global et inclusif.
Sous d'autres cieux, lorsqu'un sinistre a lieu, l'on entend souvent dire « ... le gouvernement ... a mis à la disposition des sinistrés ... ». Pour ce qui concerne la RDCongo, la formule est, comme vient de l'illustrer le sinistre de Lufu-Toto, différente : « ... le Vice-Président a remis (...) aux sinistrés 4 millions de FC de Joseph Kabila, 100 sacs de riz et 20 cartons de poissons salés ». Ceci n'est pas sans susciter la question sur la provenance exacte de cette charité, de cette manne. Sort-elle du coffret personnel du donateur ou émarge-t-elle à la Caisse du Trésor national ?
Loin d'être un soliloque, nos propos se conçoivent comme un moment-vérité sur ce qu'il faut accepter ou sur ce qu'il faut refuser. Avec beaucoup de naturel, nous sommes d'avis, et l'on conviendrait avec nous, que dans l'exclusion de l'autre, il y a les germes de tous les maux.
Ce faisant, nous ne doutons pas un seul instant que le Président Joseph Kabila Kabange va pénétrer les intentions de ces penseurs de moindre envergure ou détaillants d'idées qui n'ont de cesse de lui attribuer l'inclusivité de toute réussite dans notre pays. Ce, afin de mettre fin à leurs gesticulations qui ne sont pas sans rappeler les envahissements des thuriféraires et autres choristes du pouvoir sous le régime du Maréchal Mobutu. Au moment de sa prise de pouvoir (janvier 2001), l'actuel Chef de l'Etat congolais n'avait-il pas opposé un refus catégorique aux tentatives de certains « profiteurs » de placer ses photos (gros format) dans les rues de la capitale ? On en a vu de toutes les couleurs... Ça commence toujours par « le timonier ... » et, ensuite, c'est « le génie de ... ». Après le « génie ou l'aigle de Kawele », avons-nous besoin d'un autre « génie » ? Nous ne le souhaitons nullement. Mêmement, les Congolaises et les Congolais ...
L'Homme seul
Mon berger, c'est l'homme seul.
On n'en a vu de pareil !
Bâtisseur de ceci, Baptiseur de cela !
Unificateur,
Timonier,
Pacificateur.
Un véritable Bulldozer !
Seul, il dispose.
Eclaireur,
Sans lui, rien ne serait.
Entre ses mains, tout repose !
Seul, il peut tout :
Etouffer, affamer...
Kif-Kif... sauver, enrichir.
On en verra de toutes les couleurs !
Kif-Kif...
Une girouette !
Kif-Kif...
Un richissime !
Nous lui devons tout !
Garant de tout,
Baobab !
Entre ses branches,
Nous, simples feuilles.
Dieu le Père,
Une peste !
Mon berger, c'est l'homme seul.
On n'en a vu de pareil !
Bâtisseur de ceci, baptiseur de cela !
Unificateur,
Timonier,
Pacificateur.
Un véritable Bulldozer !
Une véritable peste !
Berlin le 1.1.04
