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L'ouverture de la session extraordinaire du Parlement, au début du mois de juillet 2004, a été marquée par une fronde des huit (8) Députés du Rassemblement Congolais pour la Démocratie, RDC-Goma. Fronde orchestrée sous la houlette de l'honorable Bizima Kahara, ancien Ministre des Affaires étrangères du gouvernement Laurent-Désiré Kabila et membre fondateur de l'ex-mouvement politico-militaire devenu parti politique à la faveur de l'Accord global et inclusif et de la Constitution de la Transition.
Dans une lettre adressée aux institutions nationales, aux organisations internationales et aux Missions Diplomatiques accréditées à Kinshasa, Bizima Kahara et consorts considèrent que la Transition a échoué et invitent les membres RCD faisant encore partie d'autres Institutions de la Transition à leur emboîter le pas et à se retirer à Goma en vue d'une réflexion approfondie avant de donner suite à ce qu'ils appellent le « constat d'échec de la Transition ».
Ce coup de tête des huit (8) Parlementaires « rwandophones » du RCD, à la veille de l'ouverture d'une session parlementaire extraordinaire ayant à son ordre de jour, entre autres, l'épineuse et la sensible question de la nationalité, soulève moult interrogations dans l'opinion congolaise. Pourquoi la « bande à Bizima » qui s'est octroyé le droit exclusif de représentation des « Banyamulenge » - lesquels « Banyamulenge » ont pris les armes, à première vue, pour arracher la nationalité congolaise -, a-t-elle choisi ce moment précis où la Loi sur la nationalité doit être examinée par le Parlement pour suspendre sa participation aux plénières de celui-ci et (pour) tenter d'entraîner, dans son insubordination caractérisée, les autres membres du RCD ? Pourquoi cet appel de « repli à Goma », ancienne base politico-militaire du mouvement devenu parti politique ? Bizima Karaha et consorts ont-ils pris la mesure du risque qu'entraînerait une telle invite ? Ou ont-ils espéré ainsi freiner le cours normal de la Transition en provoquant, au travers de leur projet mirobolant, un incident - il s'agit bien d'un incident et non d'un événement -, devant enclencher un troisième mouvement politico-militaire en RD Congo? Questions sur questions...
Pour nombre d'observateurs de la vie politique congolaise, l'argumentaire avancé, à savoir « l'échec de la Transition », faute de preuves et de crédibilité, ne résiste pas à l'analyse et, par ricochet, ne justifie pas la démarche proposée, c'est-à-dire « le repli à Goma ». Cet échec, si échec il y a, ne peut se constater qu'au regard des objectifs au terme, à la fin du processus. Cela dit, point n'est besoin d'ajouter que c'est une obligation collective de cerner cet « échec » et d'y apporter, dans le cadre des Institutions qualifiées, une réponse conséquente. Le Président de l'Assemblée Nationale, O. Kamitatu, ne dit pas autre chose lorsque, dans sa lettre invitant les Députés frondeurs à rentrer au bercail, il caractérise l'Institution dont il assume la coiffure « comme le lieu par excellence du débat démocratique sur toutes les questions relatives à la Transition ».
En dépit des difficultés actuelles, la Transition, tout en continuant son bonhomme de chemin, a besoin de tous les bras et cerveaux pour aboutir heureusement. Une défection au niveau actuel de son évolution ne peut que la priver de nécessaires, d'indispensables énergies pour aborder ce tournant décisif de l'histoire du pays.
Autre point d'interrogation : pourquoi une retraite à Goma, base de l'ex-mouvement politico-militaire ? Ce, d'autant plus qu'une réunion à Kinshasa (siège des Institutions de la République et siège national du RCD), à Mbandaka ou à Matadi aurait, sans doute, consacré le caractère national du parti cher à Ruberwa et évité de semer, dans les esprits, l'idée d'un rapprochement géostratégique avec Kigali, appui politico-militaire du RCD-Goma...
Les observateurs les plus avisés de la vie politique congolaise attirent l'attention sur la présence de Bizima Kahara à la tête de ce mouvement qui plaide en faveur de cette défection des Institutions de la Transition et sur l'appel « du repli à Goma ». Pour la plupart d'entre eux, cet état de faits ne trompe guère. Bien au contraire. Il dénote une volonté de retour, au premier plan de la lutte des « Banyamulenge », d'un des ténors importants du mouvement depuis l'époque de l'AFDL, l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo, qui avait porté Laurent-Désiré Kabila au pouvoir en 1997. En sus, il confirme la poursuite d'un combat qui n'est jamais fini et (qui) vise plus loin que la simple quête du pouvoir à Kinshasa : la question de la nationalité congolaise et de la sécurité du Rwanda. Les partisans de cette thèse estiment qu'il s'agit, ici, pour les Congolais d'un appel à savoir voir au-delà des contradictions apparentes ou réelles du quotidien en vue de se saisir des objectifs lointains de ceux qui veulent les déposséder de ce qu'ils ont de plus cher : le sol leur légué par leurs ancêtres.
Bizimana Kaharamueto, alias Bizima Kahara, est, selon les sources les mieux informées, un Rwandais, cousin de Kagame, devenu Congolais après un passage à la « blanchisserie » dénommée « AFDL ». Au dire des mêmes sources, il est un des conseillers stratégiques du mouvement international tutsi qui lutte pour la création de la « République de Havela » ou de « l'Empire Hima tutsi » dans la Région des Grands Lacs d'Afrique. Il avait joué un rôle important dans le combat de l'AFDL pour la conquête du pouvoir politique au Congo. A la prise de pouvoir de Laurent-Désire Kabila, il avait été, comme dit ci-haut, Chef de la Diplomatie congolaise jusqu'à sa défection avec les arriérés de paie des diplomates en 1998, peu avant le lancement du Rassemblement Congolais pour la Démocratie, RCD, à Goma.
La défection, aujourd'hui, de Bizimana Karahamueto, alias Bizima Karaha, et consorts, même suivie de leur remplacement au Parlement et leur éviction du RCD, n'est pas de bonne augure. Les uns, dans plusieurs cercles politiques de Kinshasa, ne se font pas d'illusions. L'« auto-suspension » des huit Députés du RCD des travaux du Parlement de la Transition marque la seconde phase de l'opération du lancement, de mise en œuvre d'un troisième mouvement politico-militaire soutenu par le Rwanda au motif d'épouvantails habituels: la sécurité du Rwanda menacée par les ex FAR et les Interhamwe encore présents en RD Congo. Les autres estiment, par contre, qu'il s'agit, ici, des manœuvres visant à exercer une forte pression sur la Nation congolaise et à manipuler les travaux du Parlement concernant la Loi sur la nationalité en faisant planer le spectre d'une troisième guerre sur le pays. Toutefois, ils n'excluent pas la possibilité de la mise sur pied d'un troisième mouvement politico-militaire en cas de l'adoption d'une décision du Parlement qui serait en défaveur, aux dépens des « Banyamulenge ».
E. Bosuka Nkele
Kinshasa le 1.08.04