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S'inscrivant dans le schéma tracé, il y a quelques semaines, par la « bande à Bizimana Kaharamuetu » qui, sur fond, entre autres, d'une prétendue extermination systématique des « Banyamulenge » à Bukavu, avait demandé l'arrêt de la Transition en RD Congo et la relecture de l'Accord global et inclusif, Me Azarias Ruberwa, Vice-Président de la République ( ?) et Président national du RCD-Goma vient de franchir le Rubicon. Il a annoncé, à partir de Goma où il s'est replié en compagnie de presque tous les membres du collège des fondateurs de son mouvement politico-militaire, devenu parti politique, la suspension de la participation du RCD à la Transition et exigé de nouvelles négociations. Raison avancée : une grave fracture du processus de paix en cours en RD Congo et dont le massacre des « Banyamulenge » à Gatumba (Burundi) n'est qu'une des manifestations.
Faut-il remettre en mémoire que Me Azarias Ruberwa avait, en son temps, traité Bizimana Kaharamuetu et consorts des « fuyards » et des « absentéistes » ? Certains observateurs se voient contraints, au regard de ce changement brusque d'opinion, à attribuer l'épithète « girouette » au Président national du RCD. Cela n'étonne guère d'autant plus que la versatilité dans leurs choix et dans leurs opinions a toujours constitué la caractéristique des « politiciens » de notre pays dont la cote auprès du peuple n'a de cesse de baisser.
Sera-t-il suivi dans son « calcul à la burundaise » ? Calcul à travers lequel, selon le quotidien kinois « Kin Telegraph », Me A. Ruberwa espère « obtenir de la communauté internationale un traitement constitutionnel garantissant à la minorité tutsi (...) un quota de 50 % dans toutes les Institutions au nom d'une démocratie dite des communautés ». C'est la question qui, sans cesse, se pose.
Ce qui, cependant, se constate, actuellement, sur le terrain, c'est que le Président du RCD est isolé aussi bien au sein de son parti que de la classe politique congolaise. Les membres du RCD, restés à Kinshasa, ont dénoncé sa démarche insolite et demandé à leurs camarades se trouvant à Goma de regagner la capitale en vue de continuer d'animer les Institutions de la Transition. Le PPRD reproche au Président national du RCD de transporter les problèmes burundais et rwandais en RD Congo. Pour le Président de l'Assemblée nationale, O. Kamitatu, il n'appartient pas à un individu de mettre fin à la Transition. Le CIAT confirMe haut et fort qu'il n'y a pas d'alternative à la Transition en RD Congo.
Ce qui, dans cette « affaire », fait la petite différence - le génocide des « Banyamulenge » du mois de juin 2004 à Bukavu n'ayant jamais été démontré -, et dérange, c'est le fait que le massacre des « Tutsi congolais » ait, effectivement, eu lieu sur le territoire burundais où, ès qualités réfugiés, ils devaient, comme le prescrivent les instruments internationaux relatifs au droit d'asile, être placés, au moins, à 50 Km des frontières congolaises et bénéficier de la protection de l'Etat burundais. Me Azarias Ruberwa, Vice-Président de la République, Président national du RCD-Goma et, par surcroît, avocat de profession préfère fermer les yeux sur ces faits odieux qui auraient dû révolter sa conscience citoyenne et de juriste. Il réduit le dossier du massacre des Congolais à une affaire tribale. Ignorant, pour les besoins de la cause qui ne veut pas dire son nom, le Congo et les Congolais, il mobilise la diaspora « banyamulenge », impose, de son propre chef, un deuil de 5 jours concernant exclusivement les Gomatraciens, tous les membres du RCD - qu'ils soient au pays ou à l'étranger - et tous les Congolais qui se sentent éprouvés, annonce la construction prochaine d'un mémorial sur les hauts plateaux de Minembwe (Sud-Kivu) et décrète une journée commémorative tous les 13 août des années à venir pour les Congolais assassinés sauvagement à Gatumba (Burundi).
Certains observateurs parlent, en rapport avec ces provocations du Président national du RCD, de « vice de procédure », de « réaction épidermique » et de « privatisation d'une affaire nationale » sur la seule étendue de la ville de Goma.
Comme si cela ne suffisait pas, il proclame, comme dit ci-haut, l'arrêt de la Transition obtenue, faut-il le rappeler, au prix de plus de trois millions de morts et de la destruction de toutes les infrastructures importantes du pays - destruction aux conséquences socio-économiques graves sur la vie nationale.
C'est bien facile de parler de l'arrêt de la Transition congolaise à quelques mois de l'organisation des élections démocratiques, libres et transparentes qui doivent sanctionner le processus en cours dans le pays. Encore faut-il fonder cette démarche sur l'esprit et la lettre du document fondateur qui a possibilisé, permis de mettre en route le processus de paix en RD Congo, à savoir l'Accord global et inclusif. Point n'est besoin de rappeler que celui-ci ne prévoit nulle part la suspension de la Transition. Bien au contraire. L'Accord global et inclusif invite toutes les parties signataires à tout mettre en œuvre en vue de mener à bon port le processus de Transition. Qui plus est. Il envisage une institution d'arbitrage pour trancher sur d'éventuels différents dans l'application dudit accord, en ce cas : le CIAT. Il en est de même de la Constitution de la Transition, issue de l'Accord global et inclusif, qui, non plus, ne prévoit pas une cessation momentanée de la Transition.
Vue sous cet angle, la démarche unilatérale du Président de l'ex-mouvement politico-militaire RCD et Vice-Président de la République - à savoir la suspension de la participation du RCD à la Transition -, fait de ce juriste, sorti de l'Université de Lubumbashi (Katanga), un hors-la-loi. Il y a lieu, ici, de s'interroger sur la qualité à laquelle se réfère Me Azarias Ruberwa pour imposer une pause dans la marche de la Transition en RD Congo ? Est-ce en sa qualité de Vice-Président de la République, de Président du RCD ou encore en sa qualité de leader « banyamulenge » ? De qui a-t-il reçu ce mandat ? En quelles circonstances ? Et dans quel but ?
Dans un régime démocratique, l'exercice du pouvoir n'impose-t-il pas à tout postulant l'obligation citoyenne de se mettre au-dessus de sa famille - aussi bien biologique que politique, de sa tribu et de sa province ? Ceci est davantage vrai et impératif pour celui qui aspire à occuper des fonctions au sommet de l'Etat. Descendre aussi bas et ramper tel que l'a fait le Vice-Président de la République fait naître, après analyse, l'idée selon laquelle des intérêts autres que ceux de l'Etat congolais ont prévalu. Intérêts qui ne peuvent être, dans le cas qui nous concerne, que ceux du groupe auquel appartient Me Azarias Ruberwa, qui est plus proche du Rwanda que de la RD Congo et dont les desiderata sont mis en avant. La décision du Président national du RCD que d'aucuns n'hésitent pas à comparer avec un arbre qui cache la forêt des intérêts occultes participe d'une stratégie à nulle somme où la victoire des uns est la défaite des autres. Ce qui est le contraire de la stratégie à somme variable dans laquelle s'additionnent la victoire des uns et la victoire des autres.
Dans tous les cas de figure, les déclarations d'Azarias Ruberwa ressemblent à une tentative de coup d'Etat tant il est vrai que mettre un arrêt ou une pause à la Transition signifie suspendre le cadre juridique et institutionnel de cette Transition. Surtout lorsqu'il exprime sa volonté d'ouvrir à nouveau des négociations sur les questions fondamentales de la Transition. Les déclarations du Général mutin Nkundabatware qui, au lendemain du massacre de Gatumba, avait menacé, à nouveau, de marcher sur Kinshasa et de mettre en place un « vrai gouvernement inclusif, consensuel, non-conflictuel et qui vise à instaurer en RDC la paix des braves et non le silence des cimetières » et l'assassinat, à Goma, de deux officiers des renseignements militaires confirment les craintes exprimées par plus d'un observateur de la situation politique au Congo : l'imminence d'une troisième guerre en RD Congo.
En effet, dans ses dernières déclarations, le Général dissident Laurent Nkundabatware conditionne le non-déclenchement d'une guerre dans le pays au départ du Général Buza Mabe de la 10ème région militaire qui représente un obstacle à « leur » dessein maléfique. Dans l'entre-temps, des officiers des renseignements sont tués comme pour désorganiser les « services » afin de mieux préparer le déclenchement de l'attaque. La mémoire collective n'a pas oublié qu'avant la guerre de l'A.F.D.L., soutenue par le Rwanda et l'Ouganda, le scénario était pareil.
Tout se passe, aujourd'hui, comme si nous nous approchions de plus en plus de la conjonction des actions politiques et militaires en vue du déclenchement d'un mouvement politico-militaire. Les cadavres « banyamulenge » qui manquaient en juin dernier viennent d'être offerts, dirions-nous, sur un plateau en argent… et voilà... c'est parti.
De là à dire qu'il s'agit, ici, d'un nouveau défi que nous, Congolais, devons relever, si nous voulons connaître la quintessence des questions congolaises, il n'y a qu'un petit pas... A nous d'être, indépendamment de concurrentes positions politiques et autres qui nous caractérisent, vigilants et d'agir vite et efficacement sur tous les fronts. C'est une question de survie.
E. Bosuka Nkele
Kinshasa le 25.08.04