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Près d'un mois après le massacre des réfugiés congolais à Gatumba (Burundi), la vérité sur les présumés auteurs de ces actes odieux commence à se faire jour.
L'organisation non gouvernementale de défense des Droits de l'Homme, Human Rights Watch, a publié son rapport (" Burundi : le massacre de Gatumba/Crimes de Guerre et Agendas politiques ") sur les événements survenus dans la nuit du 13 au 14 août 2004 dans ce camp des réfugiés congolais situé à près de quatre kilomètres de la frontière burundo-congolaise. Dans ce rapport, Human Rights Watch écarte toute possibilité d'implication des miliciens congolais. Une façon de souligner que ce rapport entre en contradiction flagrante avec les déclarations fantaisistes, pour ne pas dire fantasmagoriques, du Vice-Président de la République Démocratique du Congo.
En effet, quelques heures seulement après les tristes et odieux événements, Azarias Ruberwa a accusé une coalition des forces Mai-Mai, des Interahamwe (rwandais) et une force basée au Rwanda d'être responsable de l'attaque du camp de Gatumba. Cette déclaration de Azarias Ruberwa a été, en moins de deux, reprise par le Président burundais, le Chef d'Etat-Major de l'armée burundaise et le Ministre rwandais des Affaires Etrangères. Tout naturellement, cette version des faits a été relayée et amplifiée par les médias, puis à nouveau reprise dans le rapport préliminaire des Nations Unies.
Le rapport de Human Rights Watch vient effacer d'un seul trait le chapitre des implications congolaises dans ce dossier des massacres de Gatumba. Il remet à l'esprit d'autres versions des faits ignorées ou négligées, notamment la revendication du Front National de Libération du Burundi, Palipehutu-FNL, et celle de la société civile d'Uvira dans la province du Sud Kivu d'où seraient, au dire de A. Ruberwa et consorts, partis les éléments congolais du commando.
Au lendemain des événements de Gatumba, rappelons-le, le FNL a revendiqué la responsabilité de ces événements en affirmant que son mouvement s'est plutôt attaqué aux militaires rwandais dont le camp de Gatumba servait de base. L'opinion se rappellera aussi que, le 19 août 2004, le mouvement d'opposition armé rwandais FDRL, Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda, a dans un communiqué déclaré disposer d'informations très fiables d'infiltration du camp de Gatumba par les éléments de l'armée rwandaise. Et le 4 septembre 2004, dix huit organisations de la société civile du Sud Kivu reviennent à la charge en affirmant que les militaires rwandais installés au camp de Gatumba patrouillaient autour du camp du 10 au 13 août 2004 et qu'ils avaient été ravitaillés en armes de guerre, munitions et poudre incendiaire - cachées dans des vivres que transportaient deux grands camions le 10 août 2004.
Dans ce document, la société civile d'Uvira attribue, au risque de redite, les morts de la nuit du 13 au 14 août 2004 aux combats entre soldats rwandais et combattants FLN. Selon la société civile d'Uvira, le responsable du HCR aurait même constaté la présence des militaires dans le camp le 11 août, mais il n'avait pas jugé utile de pousser l'enquête plus loin.
Ici le lieu et le moment de s'interroger sur les sources, les intentions réelles et les objectifs poursuivis par le Vice-Président Azarias Ruberwa en mettant l'opinion nationale et internationale sur une fausse piste.
De deux choses l'une : ou bien Ruberwa s'est fait manipuler ou il a participé, en âme et conscience, à une manipulation qui présente un danger par rapport aux intérêts supérieurs de la Nation congolaise. Dans les deux cas de figure, l'on parle, sous d'autres cieux, de la haute trahison qui doit amener son auteur devant la Cour de Sûreté de l'Etat. Mais dans cette transition en équilibre instable, en RDC, c'est manquer de réalisme politique que d'imaginer la réalisation d'un tel scénario.
En tout état de cause, si les organisations de la société civile d'Uvira, le FDLR et le FLN ne se livrent pas, eux aussi, à la manipulation de l'opinion, le Burundi, le Rwanda et le HCR porteraient une lourde responsabilité dans cette affaire de massacre des réfugiés congolais de Gatumba.
Le Burundi, pays hôte, n'a pas assumé ses responsabilités dans la protection des réfugiés. Les autorités burundaises n'ont pas placé le camp des congolais à au moins cinquante kilomètres des frontières congolaises. Elles n'ont pas, non plus, protégé les réfugiés lors de l'attaque de la nuit du 13 au 14 août 2004. Et si, en plus, elles ont laissé le camp sous la responsabilité des soldats rwandais et que le HCR a laissé faire, c'est très grave.
A la lumière de ce qui précède, tout porte à croire que l'avalanche des déclarations précipitées, peu après le massacre de Gatumba, seraient une fuite en avant pour se prémunir des accusations dans une affaire qui a tourné court et mal.
Cela dit, la nécessité d'ouvrir une enquête internationale, vraiment indépendante, s'impose.
E. Bosuka Nkele
Kinshasa le 12.09.04