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Nous remercions Jean-Baptiste Ndeke d'avoir mis le texte suivant à notre disposition.
C'est le 26 février 1885, il y a 120 ans, à l'invitation du chancelier allemand Otto von Bismarck, que prend fin, à Berlin, un congrès destiné au partage de l'Afrique noire entre les Etats-Unis et treize autres pays européens. Pendant près de trois mois, ces grandes puissances de l'époque se sont mises littéralement à morceler, au gré de leurs intérêts, le dernier continent qui n'était pas encore tombé sous le contrôle officiel de la civilisation occidentale.
Lors du partage, il ressort que la grande partie de la cuvette centrale est abandonnée, elle est restée sans preneur intéressé, parce que ne présentant aucun grand intérêt économique (!) ; ou plutôt elle est, comme on nous l'a dit, " cédée " en récompense au roi Léopold II qui y avait soutenu auparavant, grâce à ses fonds personnels, le travail de colonisation de certains aventuriers. Le roi qui savait mieux que tous les autres ce que valait, sur le plan économique, cet espace " abandonné " [1] en a tout de suite fait une propriété privée sous le nom d' " Etat indépendant du Congo ". Il se mettra alors à véritablement l'exploiter par tous les moyens… Il faut attendre sa mort pour voir cette propriété privée léguée à la Belgique...
Que serait-il advenu de cet espace " sans intérêt ", si les autres puissances de l'époque étaient au courant de la richesse minière dont il regorge(ait) ? Peut-être - ou sans aucun doute - se seraient-ils rués sur l'actuelle République Démocratique du Congo (RDC) pour la mettre en 36 morceaux. Il n'y aurait peut-être (sans doute) pas ce seul pays aux dimensions qui sont les siennes aujourd'hui, mais plus d'un. On le voit encore combien il déplait aux pays étrangers - tous confondus - que la RDC soit un seul pays uni, stable et souverain. Dès qu'une nouvelle découverte de gisement minier ou énergétique est annoncée au Congo, des conseillers de piètres horizons s'improvisent auprès des Congolais détenteurs de quelque responsabilité. Ils tirent les ficelles de la donne régionale, ethnique etc. espérant opposer les natifs du pays et détourner l'intérêt par rapport à ce qu'ils exploitent entre-temps. Ils y arrivent parfois, mais l'histoire nous montre que leur succès n'est toujours que de courte durée. Il y a bien, dans la société congolaise, une croûte de médiocres qui ne pensent qu'à leurs intérêts égoïstes, mais il y a aussi et surtout des consciences sereines, altruistes et soucieuses du bien et de l'intérêt communs.
Dans le partage de l'Afrique, par exemple, le chancelier allemand O. von Bismarck s'était investi personnellement pour accorder aux Français le Grand-Bassam (actuelle Côte d'Ivoire) et tout le littoral ouest africain, espérant, par ce geste, que les Français abandonneraient l'Alsace, eh bien non : les Français ont pris aussi bien le Grand-Bassam que l'Alsace.
Nous, Congolais ou Africains, devons toujours être conscients du fait que nos propres intérêts ne coïncident pas toujours avec ceux des autres pays. C'est en écartant tout ferment de division et tout ce qui pourrait nous ronger de l'intérieur que nous pourrons tenir aux assauts d'une mondialisation taillée sur la pointure des riches. Il revient à chacun, après ces 120 ans du morcellement de l'Afrique, de travailler pour l'intégrité de son pays, pour la paix et la prospérité. La division interne doit être évitée par tous les moyens. Car c'est dans les fissures engendrées par la division que les ennemis placent l'arme de la séduction pour laisser tout gâcher. Si de bons exemples pouvaient nous instruire en cet anniversaire !
Francfort-sur-le-Main, le 26 Fevrier 2005 Jean-Baptiste Ndeke
[1] Certains historiens pensent que le roi lui-même ne savait pas exactement la portée de richesse du " chiffon " que les autres lui laissaient, et que la preuve en serait la priorité qu'il place à l'exploitation du caoutchouc plutôt qu'à celle des métaux. Mais, c'est mon avis, qui dit que par " richesse " il faut entendre seulement celle minière et pas agricole ? Je pense que Léopold II savait déjà à ce moment-là, que sa propriété était très riche, même sans y avoir jamais mis le pied.