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Chers amis,
Je m'inscris en faux contre la déception que vous affichez face à ce qui s'est passé à Kinshasa le 30 juin 2005. Grande a été la victoire du peuple sur les forces terrorisantes et terroristes qui nous gouvernent. Plusieurs de ceux qui racontent leur déception s'étaient retrouvés en dehors de Kinshasa. Personne n'a vécu la réalité des faits et se fier aux rapports officiels de quelle que source que ce soit ne permet pas de savoir ce qui s'est réellement passé. Il y avait plusieurs millions de marcheurs mais aucune route où marcher à moins d'user de violence pour ramasser une balle tirée à bout portant, dans le cœur, comme cette dame de Matonge qui n'a eu la vie sauve que grâce à l'intervention rapide la MONUC qui l'a dépêchée à l'hôpital - j'ignore d'ailleurs si elle a survécu à ses blessures !
Souffrez que je sois assez long pour vous transmettre l'autre son de cloche. Je ne suis pas membre de l'UDPS ni du PALU pour afficher mon triomphalisme; je ne flirte pas avec le gouvernement pour appuyer ses bévues en minimisant les faits.
J'ai vécu des affres rares à supporter. La chaîne de télévision Raga est aujourd'hui fermée pour avoir circulé ses caméras un peu partout et filmé des événements inédits que nul gouvernant congolais ne peut admirer ni regarder par deux fois et se féliciter de leur déploiement de forces. C'est une honte sans pareille qui les couvre tous. Figurez-vous que Raga est allé jusqu'à filmer l'arrestation son directeur de Programmes, certainement à l'aide d'une caméra cachée. Qui niera les faits après coup ?
Pour mon Quartier Matadi-Mayo (Mont-Ngafula), tout a commencé déjà mardi. Les boutiques de Matadi-Kibala ont vidé leur contenu aux environs de 15h00 pour les retardataires. D'autres l'avaient fait un peu plus tôt, craignant le pillage des marcheurs ... Presque tout le monde qui le pouvait s'est procuré un sac de riz car le lendemain était incertain. Et ce mardi 28 juin, des militaires ont circulé en grand nombre dès 19h30 obligeant les promeneurs nocturnes à rentrer chez eux. Une sorte de couvre-feu a régné dans ce nouveau quartier dès 20h00. Aucune explication !
Le mercredi 29 Juin, les taxis qui relient Matadi-Mayo à Matadi-Kibala ne circulaient pas. Je n'ai pu me rendre au bureau à Yolo-Nord. L'après-midi de mercredi était déjà problématique. Tout ressemblait à une ville morte dans mon quartier. Le bureau d'enrôlement a fermé à 14h00 au lieu de 17h00. Le commandant Franck me dira que ce sont les instructions. On se reverra vendredi.
La nuit est vite tombée le mercredi. Les hommes en uniformes sont de nouveau là. Tout le monde se retire en douce, les oreilles collées aux postes de radio ou à la télé, espérant un message d'espérance. Rien ! On annonce quatre feux d'artifice pour 23h30 ! Pas moyen de participer à la fête car il fait très froid. Mes enfants qui y tenaient ne pouvaient pas sortir à cause des militaires qu'on avait aperçus sur la rue devant la parcelle. Raga organise une émission à téléphone ouvert pour recueillir les avis des Kinois sur les feux d'artifice. Avant cela, son reporter interrogeait des fonctionnaires rencontrés nombreux sur Victoire, qui attendaient le transport en commun pour rentrer qui à Ndjili, Masina, Kingasani. Faute de transport en commun, le reporter charge quelques-uns et comme par bonheur, il rencontre le commandant de la Ville vers Masina. Prenant son courage à deux mains, il lui suggère de dépêcher un véhicule de police sur Victoire pour évacuer ces fonctionnaires qui ont trotté de la ville à Victoire après avoir touché leur salaire du mois d'avril tard la nuit.
Pour revenir aux feux d'artifice, plusieurs intervenants jugent inopportun qu'on les dérange en pleine nuit car, cette manifestation convient mieux aux jours de joie qu'à une veille d'un mémorial triste où tout le monde s'attend à manifester la colère contre la mauvaise gouvernance. L'émission est vite interrompue sans autre forme de procès et l'on nous balance la musique jusqu'au petit matin.
Dès cinq heures, tout le monde constate avec amertume que toutes les artères sont bouclées par des hommes en uniforme. Je téléphone ça et là et les amis me confirment : on ne peut sortir de chez soi faute de circulation, et la police empêche toute sortie. Que faire ? Il faut emprunter les raccourcis et les "géomètres". Impossible ! A chaque débouché de sentier, des hommes en armes sont postés. La radio Top Congo fait un reportage fidèle et ses reporters quadrillent la ville. Il y avait des manifestants partout, difficilement contenus par les forces de l'ordre qui avaient pour mission, non pas de les encadrer mais de les abattre à la moindre résistance.
La marrée humaine qui a pu sortir du côté de Makala sur Elengesa où un de nos amis vit s'est vu attaquer à armes à feu au niveau de Mariano. Les manifestants ont été poursuivis jusque dans les parcelles. C'est là qu'on a aperçu un des fils Tshisekedi. Les coups de feu nourris ont fait que l'ami et toute la foule n'ont trouvé de salut que dans la fuite désespérée, confiant à Dieu son âme et notre pays.
A Bandalungwa, les jeunes gens ont réussi à prendre en otage les chars de la MONUC pour circuler quelques distances et admirer la férocité de la répression. Si toutes ces images vous étaient parvenues, nous seriez fiers de votre peuple qui a prouvé au monde qu'il pouvait résister devant le ridicule de ses gouvernants qu'on vient gronder dans leur propre parlement, comme des gosses et qui applaudissent puisqu'on leur dit qu'on appuie leur "1+4".
Le préfet de mon école se retrouve sur Bongolo (au croisement avec Kimwenza) où il voit arriver les manifestants de Limete. Au même moment trois jeeps et des motards s'avancent vers les manifestants et les dépassent. Une quatrième jeep et des motard prend en sandwich les manifestants et on ouvre le feu sur tout ce qui bouge. M. Boyi s'enfuit avec tous le monde vers les "tunnels". Il a le malheur d'en emprunter un qui se termine en cul de sac. Arrivé au fond, il se retourne et voit une arme braquée sur son dos. Se rappelant ses leçons d'athlétisme, il se retrouve derrière le mur où on l'accueille aux cris de "kota awa Préfet" car, ce sont les parents d'un de nos élèves qui l'ont aussitôt reconnu. Au même moment, les crépitements de balles retentissent dans le mur qu'il venait de sauter. Il reste privé de parole durant 40 minutes et quand il reprend son courage, accompagné de ses hôtes, il retourne au tunnel où il ramasse les douilles des balles tirées contre lui. Il rebrousse chemin et s'endort au bureau jusqu'à 17h00.
Le jeune homme de Yolo qui a reçu les balles à bout-portant est mort entre les bras de ses collègues qui tentaient d'arriver à Yolo-Médical ou à la Clinique Bondeko. C'est sa mort qui a poussé ses porteurs à lancer quelques pierres aux auteurs du forfait. Mais ils ont vite renoncé à la résistance lorsque les renforts ont afflué en masse, envahissant le quartier et fouillant les parcelles, violant les domiciles et arrêtant tout jeune qu'ils rencontraient.
En dépit de cela, quelques manifestants ont atteint le boulevard triomphal. Pas un seul coin de Kinshasa qui n'a vu passer les chars de combat, la garde présidentielle, la police intégrée, les hommes robots, la police national, la P.I.R., la C.P.R. et que sais-je encore. Le pouvoir avait utilisé toute l'armure qu'elle détient, et même des soldats d'emprunt afin d'en venir à bout avec les Congolais s'ils osaient braver leurs patrons du "1+4".
Quand on a vécu ces affres, on ne peut comprendre que de l'étranger on puisse afficher le pessimisme proche du cynisme et aller jusqu'à considérer que le peuple n'a pas manifesté comme on l'espérait. Si les gens avaient pu marcher ne fût-ce qu'un kilomètre, on aurait escompté plusieurs milliers. C'est de tous les quartiers que l'on sortait pour rejoindre les lieux de ralliements préalablement définis. Mais toutes les issues des rues étaient quadrillées.
Une autre raison d'être fier : aucune "tramontina" n'a été interceptée chez personne. Le mythe était inventé de toutes pièces pour nous terroriser. Il a échoué autant que le phénomène "Kata-Kata" et tous les autres scénarii de violence envisagé.
Honneur et gloire à l'UDPS et le PALU qui ont endossé la responsabilité de la marche et leurs conséquences. Ils ont réussi à former leurs militants à ne pas avoir peur, mais à brandir l'étendard de leurs partis et réclamer leurs droits dans la dignité. Comme le ferait n'importe quel peuple civilisé et démocratique du globe. La résidence de Tshisekedi a été quadrillée plus qu'aucun autre lieu de la capitale, et malgré cela, les bombes lacrymogènes l'ont saluée. Aucun journaliste ni personne ne pouvait franchir la 10e rue ni en sortir. Les barrières commençaient dès la ruelle qui va de la résidence à la Rue. L'échangeur de Limete était transformé en forteresse et des chars de calibre bloquaient le passage au niveau Pascal, puis de la rivière NDjili. Pour celui qui connaît Kinshasa, traverser autrement pour atteindre le palais du peuple serait un miracle.
Dites à nos frères de la Diaspora et tous ceux qui nous méprisent que nous avons remporté une grande victoire sur la Communauté internationale et ses valets. Ce que nous avons vécu le 30 juin restera un cauchemar dans la tête de nos enfants pour longtemps car nous savons maintenant qui est avec nous et qui est contre nous. Aucun peuple au monde n'a jamais fêté l'indépendance sous une telle atmosphère de peur-panique, une panique répandue par ceux qui le gouvernent contre sa volonté, et avec l'appui de la haute finance. Honte à eux et leurs médias de la honte qui n'ont pas osé filmé la réalité sur terrain, craignant une apocalypse qu'ils avaient préparés avec leur surarmement !!!
Leur parodie d'élection qui a permis d'enrichir les usines de véhicule, d'ordinateurs, de matériel de tous bords, cette parodie risque d'être un autre moment palpitant de cette comédie. Les ordinateurs utilisés ont tout l'air des gadgets au contenu truqué et les fraudes s'accumulent au jour le jour. Aller jusqu'à prétendre qu'un parti politique n'a le droit de dénoncer les fraudes que s'il est accrédité officiellement ! Nous les sans-parti, en tant que citoyens congolais, n'avons donc pas le droit de dénoncer les fraudes et autres tricheries !!! Quelle ineptie ! Et de la part d'un serviteur de Dieu, ordonné prêtre au terme de sept ans de formation intellectuelle en philosophie et théologie !
Comme pour nous étourdir davantage, on veut nous convaincre qu'il faut s'enrôler car cette carte sert de pièce d'identité pour justifier les futurs forfaits à l'endroit des résistants. Et nos jeunes gens de moins de dix-huit ans ou qui n'atteindront cet âge qu'après le passage de la CEI dans leur contrée, par quoi seront-ils identifiés ? Sont-ils moins Congolais pour autant ? Bien plus, tous ces étrangers qui se font enrôler au vu et su des Congolais authentiques, ne se moquent-ils pas de notre législation et de notre légèreté à traiter de la question de la nationalité ?
L'enrôlement est-il un devoir ou un droit civique ? S'il est un droit on a alors la latitude de refuser d'en jouir comme tout autre droit (celui d'être éligible...). S'il est un devoir, qu'on procède autrement pour le faire admettre. Je n'ai rien contre cette formalité administrative. On y mêle trop de politique au point d'en donner une image caricaturale ridicule.
Tenons bon ! Notre peuple lutte pour plus de respectabilité. Il vient de remporter une très grande victoire sur les prophètes de malheur qui nous prédisaient les pillages et les machettes. Voici une preuve de plus de notre maturité en tant que peuple !!!
Le pouvoir n'est pas une fin en soi. Plusieurs d'entre nous n'ont d'ailleurs aucune ambition dans ce sens. Ils s'en tirent déjà trop bien dans la vie pour se risquer à un jeu aussi hasardeux que la politique.
Je dois m'arrêter par ici, en vous souhaitant bonne lecture.
Alphonse-Marie Bitulu
Kinshasa - RDC