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La presse allemande parle de nouveau de la RD Congo. Ce, non pas seulement en rapport avec les violations des Droits de l'Homme et les autres atrocités à répétition dont la population civile continue d'être victime à l'Est du pays, mais, à première vue, en relation avec la perspective de l'envoi des troupes de l'Ue au Congo. Troupes dont la mission est de sécuriser les échéances électorales y prévues au mois d'avril de l'année en cours.
La demande de l'intervention des troupes internationales pour sécuriser les élections en RD Congo tire son origine d'une initiative de la MONUC que le Secrétariat général de l'ONU a soumise, pour soins appropriés, à l'Ue. Ce soutien, au dire de M. Albrecht Conze, vice-Directeur du département politique de la Mission de l'Onu au Congo, lors d'un Panel organisé à Berlin par le Réseau Œcuménique de l'Afrique Centrale (une ONG regroupant plusieurs organisations chrétiennes allemandes) en collaboration avec l'Institut des études africaines (Institut für Afrika Kunde) de Hambourg, le 07.02.06, est nécessaire aussi bien à l'amont qu'en aval du processus électoral, bientôt en cours en RD Congo. Et M. Conze de préciser, à cette occasion, qu'il s'agit, ici, d'une opération limitée dans le temps et dont la durée, commençant une semaine avant le début du scrutin électoral, se limite à plus ou moins 4 mois.
L'envoi d'une troupe de l'Ue en RD Congo était aussi le thème de la conférence de presse animée, le 6 février dernier à Berlin, par deux Parlementaires fédéraux allemands, membres de la CDU, Mme Anita Schäfer (Commission de la défense) et Monsieur Hartwig Fischer (Commission de la coopération et spécialiste de l'Afrique), après leur séjour d'une semaine (28.01.-05.02.06) en RD Congo (Kinshasa, Bukavu/Sud Kivu et Bunia/Ituri). Conférence de presse à laquelle s'était joint le porte-parole de la Commission de la coopération du groupe parlementaire/CDU-CSU du Parlement fédéral allemand, Christian Ruck.
Le spécialiste de l'Afrique au sein de la CDU qui, depuis son entrée au Parlement fédéral allemand en 2002, a effectué quatre missions d'information en RD Congo, nous avons nommé ici M. Hartwig Fischer, avait, dans cet ordre des choses, appelé de tous ses vœux à la constitution, la formation d'un groupe réunissant des observateurs internationaux qui devait, au risque de nous répéter, se charger d'observer le déroulement des élections, à plusieurs niveaux, en RD Congo. Sa demande prend appui sur quatre (4) scénarios qui, après les élections, peuvent, seul ou associé aux autres, se produire et conduire aux troubles :
Eu égard à ce qui précède et, surtout, en relation avec le dernier point, une observation globale et impartiale aussi bien des préparatifs que du déroulement des élections comme aussi du dépouillement des bulletins de vote, à travers un groupe international d'observateurs, s'avère indispensable, s'impose.
M. H. Fischer avait fait part, en outre, du souhait exprimé, sans discontinuer, au cours de son séjour en RD Congo par la population congolaise, souhait portant sur une intervention militaire, limitée dans le temps, des troupes de l'Ue. Pour M. A. Conze, il y va ici de la consolidation du processus démocratique. Ce qui doit être atteint, c'est que les électeurs, à travers la présence des troupes de l'Ue, se sentent en sécurité et aient l'assurance que le dépouillement des bulletins de vote se déroulera correctement. Outre cela, les perdants seraient, grâce à l'intervention militaire de l'Ue, découragés de se livrer à des actes de violence.
En relation avec la participation de la « Bundeswehr » à la mission, encore sous examen, des troupes de l'Ue en République Démocratique du Congo, M. H. Fischer et Mme Schäfer avaient demandé d'attendre, avant de se fixer, se prononcer, le rapport de ce que les experts européens ont appelé « fact-finding-mission ». Mme A. Schäfer s'était montrée sceptique quant à l'engagement des troupes combattantes de la « Bundeswehr ». L'armée fédérale serait, avait-elle ajouté, eu égard à ses autres engagements à l'étranger, débordée. Ainsi, sa participation devrait se limiter, comme cela avait été le cas dans le cadre de l'opération Artémis en Ituri (2003), à un appui logistique (transport aérien des troupes, moyens de communication, aide sanitaire...). Le porte-parole en matière de coopération (groupe parlementaire CDU/CSU) était aussi du même avis : « ... il est clair que nous devons nous engager fortement », avait-il souligné.
À la question de savoir si les troupes de l'Ue et les miliciens ou les enfants-soldats allaient se trouver face à face, M. A. Conze, vice-Directeur du département politique de la MONUC, avait répondu, lors du Panel ci-haut cité, que cela était hors de question dans la mesure où la requête de l'Onu à l'adresse de l'Ue n'était pas en relation avec la partie orientale de la RD Congo. Celle-ci pourrait être contrôlée uniquement par la MONUC. En sus, c'est l'unique contrée de la RD Congo où agissent les groupes rebelles et se trouvent les enfants-soldats.
Selon les informations en notre possession la semaine dernière, la République Fédérale Allemande s'est déclarée prête à mettre à la disposition du « EU-Battle-Group » un nombre des militaires allant jusqu'à 500. Mais comme cela avait été le cas dans le cadre de « l'opération Artémis », (2003), en Ituri, la participation de la « Bundeswehr » doit se limiter à un soutien logistique et à l'envoi d'un service de santé. Avant de passer à l'action, l'on attend encore le rapport de la mission d'information de l'Ue qui s'était dernièrement séjournée en RD Congo et la demande concrète de l'Ue à l'adresse de la RFA.
Au moment où nous allions boucler ce papier, nous venons d'apprendre que la mission de l'Ue qui s'était rendue, dernièrement, en RD Congo en vue d'évaluer la situation sur le terrain a arrêté l'effectif du contingent dont la mission comporterait « sept tâches, notamment la sécurisation de Kinshasa, l'assistance aux forces congolaises, la sécurisation de l'aéroport et l'exfiltration de personnes ». L'on parle aussi, dans cet ordre des choses, de « trois scénarios ... Le premier propose l'envoi en RD Congo de 250 hommes (état-major et spécialistes du renseignement et de la protection). Le second prévoit 200 hommes supplémentaires, avec un appui aérien. Le troisième suggère l'envoi de 800 hommes de plus, soit un total de 1.250 hommes, incluant une force de réaction rapide ».
La question encore ouverte est celle en relation avec la direction de la mission militaire de l'Ue en RD Congo. Aussi bien l'Allemagne que la France comme aussi l'Angleterre - qui n'enverra pas des soldats au Congo -, se refusent de prendre le commandement du « EU-Battle-Group ». Au dire des sources bien informées de Berlin, la France changerait bien d'avis...
Berlin, le 15.2.2005