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Berlin, le 01.05. 2006
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Dr. Mbayi Kabasela
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TRANSMIS copie pour information :
Madame la Chancelière,
Nous, soussignés, profitons de la présente occasion pour saluer les cyclopéens et multiformes efforts déployés, dans le passé, par la République Fédérale Allemande et qu'elle continue à consentir afin de contribuer, en général, à la résolution de la situation de crise généralisée et de rendre, en particulier, possible l'aboutissement harmonieux et pacifique de la Transition en République Démocratique du Congo.
Tout en étant d'avis que les élections doivent être sécurisées en République Démocratique du Congo, pays qui vient de sortir d'une longue guerre - « la première guerre mondiale africaine » au dire de l'ancienne Secrétaire d'Etat américaine, M. Albright -, et tout en prenant en compte l'énormité et la complexité de l'enjeu de ces scrutins devant mettre fin à un cycle de violences qui ont causé directement et indirectement la mort de près de 4 millions de Congolais depuis 1998, nous, soussignés, (nous) posons la question de savoir si les élections mal préparées, telles celles prévues en RD Congo, et mal organisées ne risqueraient pas d'engendrer un nouveau conflit ? Ce, en dépit de l'immense espoir que le peuple congolais place en ces premières élections dans leur pays, la RD Congo, depuis plus de 40 ans. Qu'adviendrait-il si cet état d'attente confiante n'est pas satisfait ?
Point ne nous est besoin, dans cet ordre des choses, de remettre en mémoire le dernier rapport de l' « International Crisis Group », ICG, (Africa Report N0 108 - 27 avril 2006) dont l'intitulé est plus que prémonitoire : « Congo's Elections : Making or Breaking the Peace ».
Par « élections mal préparées », nous entendons, Madame la Chancelière, la non-implication d'influentes forces politiques et civiles congolaises dans le processus électoral en cours en République Démocratique du Congo alors que l'Accord global et inclusif de Sun City (2003) et la Constitution de Transition en République Démocratique du Congo, deux documents fondamentaux qui servent de références juridiques et de soubassement à ce processus, parlent de la non-exclusivité.
Par « élections mal préparées », nous parlons aussi, Madame la Chancelière, de l'amateurisme et de déficit communicationnel qui avaient précédé le « référendum », dit constitutionnel, du mois de décembre de l'année dernière. Certes, nos contradicteurs n'hésiteront pas d'évoquer le résultat de ce référendum pour arguer que le peuple congolais, dans sa majorité, avait adopté le projet de Constitution lui soumis pour approbation. A titre de réponse, nous nous référons, ici, à deux Parlementaires fédéraux allemands que nous citons de mémoire et qui, au cours d'une conférence de presse tenue à Berlin (février 2006), à leur retour d'une mission d'informations en RD Congo juste après le référendum, avaient affirmé que le peuple congolais, en donnant sa préférence au projet de Constitution dont il ignorait, par ailleurs, le contenu n'avait pas été, au préalable, informé, comme cela se doit, de l'enjeu que représente un scrutin référendaire constitutionnel.
En parlant d'« élections mal préparées », Madame la Chancelière, nous stigmatisons, ici, le fait que celles-ci aillent avoir lieu sans que les buts essentiels fixés par l'Accord global et inclusif de Sun City à la Transition n'aient été pleinement atteints :
Les « élections mal préparées » et « mal organisées » peuvent-elles résoudre le problème de la légitimité du pouvoir qui continue de se poser en République Démocratique du Congo depuis l'odieuse élimination politique et physique du premier Premier Ministre congolais démocratiquement élu, Patrice Eméry Lumumba ?
Peut-on organiser les élections libres, démocratiques et transparentes dans un pays où une grande partie de son territoire national échappe au contrôle du pouvoir central et continue à être l'objet de multiples violences (viols, assassinats…) perpétrées aussi bien par des milices que par les membres des forces armées gouvernementales ?
Au vu de ce qui précède, nous craignons fortement que la « sécurisation des élections en RD Congo » par les troupes de l'Ue, au cas où le peuple congolais, dans sa majorité, rejetterait, au travers des manifestations des rues ou sous toute autre forme, ceux qui, jusqu'ici, se sont caractérisés par une incapacité notoire à juguler la crise de société en RD Congo et par des actes criminels (prédation du patrimoine national au travers des contrats léonins à leur profit ou à celui de leur entourage, corruption et enrichissement illicite au détriment du peuple congolais - voir le rapport du Panel de l'ONU sur l'exploitation illégale des richesses naturelles et autres de la RD Congo, 2003 ; le « rapport Lutundula », 2004 ; le rapport de l'ONG néerlandaise « Institut néerlandais pour l'Afrique australe » (Niza), 2006 ; rapport de l'Ong « International Crisis Group » (ICG), 2006 et la liste peu se prolonger à l'envi…).
Nous craignons fortement aussi que la « sécurisation des élections en République démocratique du Congo » par les troupes de l'Ue ne se transforme en carnage ou bain de sang. Ceci peut facilement devenir une réalité au cas où le peuple congolais, dans sa majorité, en descendant dans les rues utiliserait la violence pour exprimer son opposition catégorique à ceux dont il refuse le maintien au pouvoir et que les troupes de l'Ue, réagissant en conséquence, feraient usage des armes pour réprimer ces manifestations.
Il se pose aussi la question de savoir si les 1250 soldats européens seront à même de faire face à des troubles possibles au cas où ceux-ci s'étendraient sur toute l'étendue du territoire national congolais. L'on a souvent tendance à oublier que Kinshasa n'est pas la République Démocratique du Congo dont la superficie est égale à celle de l'Europe occidentale.
Cela étant, nous appelons de tous nos vœux que la communauté internationale dont la RFA est partie active participe aux efforts tendant à aplanir la situation politique tendue en RD Congo, efforts qui commencent à se manifester dans le pays, et à rendre effective la réconciliation entre les Congolais avant les élections. Ce, en favorisant l'établissement d'un dialogue national entre les forces politiques, sociales et civiles et en utilisant les dépenses inhérentes à l'intervention des troupes de l'Union Européenne en RD Congo pour ce faire.
Après que la « Commission électorale indépendante » - entre guillemets parce que nous ne sommes pas convaincus de son indépendance et de sa neutralité -, eut, de façon cavalière et unilatérale, fixé la date des élections au 30 juillet, d'aucuns, entre autres le Président de la conférence épiscopale congolaise, Monseigneur Laurent Monsengwo, réclament de nouvelles négociations en relation avec la prolongation de la Transition qui, comme on sait, arrive à terme le 30 juin 2006. Ce, non pas pour remettre en question les acquis du processus électoral, mais pour apporter des modifications essentielles devant consolider la base des élections apaisées en République Démocratique du Congo. Qui y a cru, pour citer ici un compatriote de Kinshasa, quand l'UDPS l'a sollicitée ? C'était impossible de reprendre les négociations car cela aurait de l'impact sur les échéances. Aujourd'hui, l'évidence est là : impossible de respecter les échéances électorales, ajournées à deux reprises.
Tout en sachant que la décision de l'Union Européenne d'envoyer des troupes en RD Congo pour « sécuriser les prochaines élections » est déjà sur le chantier, nous restons convaincus une autre forme aide au profit de la République Démocratique du Congo est possible et plus raisonnable.
Espérant que le bénéfice de considération sera accordé à l'objet tenu en marge de notre pétition, nous vous prions de croire, Madame la Chancelière, à l'expression de nos sentiments très distingués.
La liste des signataires est connue par la rédaction.